Les GES et le lieu d’enfouissement technique

Jusqu’à tout récemment, le dépôt des matières résiduelles était fait dans un lieu d’enfouissement sanitaire (LES), laissant les lois de la décomposition œuvrer, ce qui représentait une source majeure d’émission de GES. En effet, la décomposition biologique des matières organiques putrescibles enfouies en absence d’oxygène mène à la formation de méthane dont l’impact sur le changement climatique est 21 fois plus élevé que le CO2. Ce méthane constituait entre 40 et 60 % du gaz d’enfouissement généré par le LES et était responsable de 3–4 % des émissions de GES anthropiques (causées par l’homme) à l’échelle mondiale (GIEC, 2006). Pour le Québec, on évalue ce chiffre à 6 % des émissions totales de GES.

Dans les dernières années, la réglementation provinciale a prescrit la conversion des LES en lieux d’enfouissement technique (LET). Un LET est similaire au LES sauf qu’il intègre également un ou des systèmes permettant de minimiser les risques de pollution et de contamination. Un de ces systèmes consiste à canaliser les gaz d’enfouissement générés vers un système de collecte ou d’élimination avant que ceux-ci se dispersent dans l’atmosphère. Que ce soit pour la récupération d’énergie ou pour l’élimination à la torchère, cette approche permet d’effacer les émissions de GES en brûlant le méthane. Par contre, il est reconnu que le captage des gaz d’enfouissement n’est pas optimal et qu’une partie du méthane généré est inévitablement émise dans l’atmosphère. Le rendement de captage est un paramètre difficile à évaluer car il dépend de la configuration du site (ex. : un LET en exploitation est généralement moins efficace qu’un LET fermé) et de nombreuses incertitudes. D’ordre général, le rendement se situe dans la fourchette de 35–70 %, mais peut être plus élevé (GIEC, 2006).

Il est important de noter que la combustion du méthane génère du CO2, mais qu’il n’est pas comptabilisé dans la plupart des inventaires de GES, tout comme d’ailleurs le CO2 contenu dans le gaz d’enfouissement. Ce CO2 est d’origine biogénique (provenant de la biomasse : résidus alimentaires, verts et ligneux) et est spécifiquement exclu par les protocoles de quantification (ex. : Règlement sur la déclaration obligatoire de certaines émissions de contaminants dans l’atmosphère du Québec). Par contre, la chaleur générée par la combustion du méthane peut être utilisée pour remplacer un combustible fossile, permettant ainsi une diminution d’émissions de GES.

Types de matières résiduelles et gaz d’enfouissement

 

De toutes les matières résiduelles enfouies (voir tableau 2), ce sont les matières organiques composées du papier et carton, des résidus alimentaires, des résidus verts et des résidus ligneux (bois) qui sont principalement responsables des gaz d’enfouissement. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le taux de dégradation typique de ces matières est de 77 % et se prolonge sur plusieurs dizaines d’années. La différence demeure séquestrée dans le sol tout comme d’ailleurs les matières non biodégradables incluant le verre, les métaux, les plastiques, et d’autres matières inorganiques (ex. : brique, asphalte, etc.). Ainsi, les déchets enfouis contenant une grande fraction de matières organiques génèrent une grande quantité de méthane, typiquement à un taux de 77 kg méthane/t de déchets enfouis selon les dernières données d’Environnement Canada pour le Québec. En termes de changements climatiques, ceci équivaut à un taux d’émission de 1 620 kg de CO2 par tonne de déchets enfouis. Mais comme mentionné ci-haut, dans un LET, une proportion considérable de ces GES est captée et ne se retrouve donc pas dans l’atmosphère.

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Ingénierie de bioprocédés, ing. Ph.D. David Lacasse
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Professeur-chercheur, chimiste Marc Olivier
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CTTÉI
Ingénieur en qualité de l'air Simon Piché
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