L’entretien
Le Tableau 1 présente les pertes d’énergie liées au fonctionnement des différentes composantes d’un véhicule. Si certaines de ces composantes sont mal ajustées ou sont usées, la consommation de carburant augmente de façon significative. Ainsi, afin qu’un véhicule soit optimal dans sa consommation, les bons ajustements doivent être faits de même qu’un entretien méticuleux de chaque composante. La première étape est de réaliser un entretien du type Programme d’entretien préventif (PEP) de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). Ce type d’entretien permet d’assurer l’aspect sécuritaire du véhicule et par le fait même, une consommation de carburant et réduction des émissions de GES adéquates (puisque le véhicule et ses composantes sont en ordre). Pour la municipalité désirant optimiser la consommation énergétique et les émissions de GES de sa flotte, un entretien mécanique éconergétique (prédictif) est de mise. Les points qui suivent expliquent plus en détails ces deux types d’entretien, de même que l’entretien spécifique aux véhicules électriques, les principes d’écomaintenance, ainsi que les options de mise à niveau des véhicules. Le retour sur l’investissement pour l’intégration de ces pratiques d’entretien est généralement très rapide, se faisant à l’intérieur d’un an.
Ces mesures sont possibles au niveau de l’entretien :
– Entretien préventif
L’entretien régulier d’un véhicule est crucial pour le conserver en bon état de marche et pour économiser du carburant. En effet, l’entretien aura un impact sur le rendement du véhicule, le système de refroidissement, les pneus et l’huile, éléments qui sont tous particulièrement importants en termes d’économie de carburant.
Par exemple, s’assurer que les différents fluides du moteur sont exploités dans la bonne plage de températures, la plus constante possible, et utiliser une charge parasitique minimale sont des éléments-clés de l’efficacité du moteur. Lors de températures froides, par exemple, l’huile du moteur est plus visqueuse et le lubrifie moins efficacement. Les baisses de température hivernales risquent d’affecter la performance du moteur. Il en résulte une consommation de carburant accrue. Chaque diminution de 27 °C de la température de l’huile moteur résulte en une diminution de 1 % de la consommation de carburant, si bien sûr la température de l’huile moteur demeure dans la fourchette prescrite par le manufacturier. Ceci laisse à penser que, dans les cas où cela peut s’appliquer, le stationnement intérieur représente une solution adéquate et logique à cette problématique.
Pour ce qui est des charges parasitiques, lorsqu’un thermostat ou des interrupteurs sont défectueux, qu’un embrayage de ventilateur du système de refroidissement est non fonctionnel, ou qu’un niveau de liquide de refroidissement est trop bas, cela fait fonctionner le ventilateur plus fréquemment, à une grande fourchette de températures. La performance du véhicule s’en trouve affectée. Des interrupteurs « on/off » de ventilateur défectueux peuvent causer une augmentation de 20 % de la consommation de carburant, tandis qu’un ventilateur verrouillé en mode de fonctionnement peut augmenter cette consommation de 8 à 12 %.
Il faut veiller à l’entretien et au changement des liquides du moteur. Une huile contaminée peut mener à une diminution de l’efficacité du moteur et, par le fait même, à une augmentation de la consommation de carburant. En réduisant de 98 % la contamination de l’huile on peut réduire de 5 % la consommation de carburant. En utilisant des filtres à huile adéquats on peut observer:
- une diminution de la fréquence des changements d’huile (jusqu’à huit fois moins), diminuant ainsi les besoins d’achat d’huile
- un gain au niveau du temps requis par le mécanicien pour effectuer le changement de filtre plutôt que le changement d’huile
- une baisse de la quantité d’huile à disposer et recycler
- une assurance de la qualité de l’huile à moteur
- la détection prédictive de l’usure des composantes internes du moteur
Un programme d’entretien préventif efficace peut réduire les coûts de carburant. Par contre, pour bénéficier de ces avantages, il faut s’assurer de faire les changements de cartouche aux bons intervalles et de prendre des échantillons d’huile à des fins d’analyse pour s’assurer qu’elle soit toujours de bonne qualité. Une telle analyse permet non seulement d’atteindre une performance énergétique plus élevée en garantissant une bonne qualité d’huile, mais peut aussi servir à prouver, dans le cadre de la garantie du moteur, que les problèmes mécaniques du véhicule ne sont pas liés à une piètre qualité d’huile. Ces analyses peuvent aussi indiquer des problèmes à venir ou une usure prématurée de certaines composantes internes du moteur. Cette pratique s’avère donc très prometteuse.
– Entretien prédictif
Afin de maximiser les bienfaits résultant des travaux d’entretien, un entretien prédictif fait maintenant partie des meilleures pratiques. Il s’agit de procéder à une analyse de l’historique d’entretien et de réparation. Cette analyse permettra d’identifier les améliorations possibles de faire. Pour ceux qui peuvent pousser plus loin, il est conseillé de complémenter l’exercice d’analyse de l’historique par une inspection mécanique éconergétique (IMEE) en utilisant un système embarqué. Réaliser ces étapes permet de prédire l’état du véhicule et d’ainsi faire les ajustements nécessaires au fur et à mesure, pour assurer une performance soutenue.
L’intégration d’un programme d’entretien prédictif à partir de systèmes embarqués avec analyses des données, analyses d’huile et d’autres interventions d’entretien, augmente la performance des véhicules. Cela diminue la consommation de carburant et les bris et augmente la durée de vie du véhicule.
L’inspection mécanique éconergétique permet de mesurer la performance d’un véhicule moteur, d’un moteur stationnaire ou d’un équipement motorisé. Ce type d’inspection diffère des inspections conventionnelles du type PEP ou de l’inspection mécanique annuelle de la SAAQ. En effet, ces dernières se basent surtout sur la sécurité routière et non sur la prévention des problèmes résultant des émissions polluantes (GES, par exemple). Les nouvelles inspections, effectuées notamment dans le cadre de démarrage de projet de mesurage d’efficacité énergétique, incluent le démontage, l’inspection, l’analyse et la photographie de certaines des composantes. Des anomalies majeures qui n’auraient pas été remarquées par les préposés à l’entretien peuvent alors être détectées, celles-ci résultant souvent en une consommation de carburant élevée (ou un rendement énergétique moins élevé). Une inspection mécanique éconergétique peut mener à un rendement énergétique plus élevé, réduire les bris inattendus (et ainsi diminuer les pertes de temps), puis entraîner des effets bénéfiques au niveau de la santé des intervenant(e)s exposés aux émissions polluantes.
Il est important d’avoir recours à des expert(e)s pour effectuer cette inspection mécanique éconergétique car ils utilisent des techniques spécifiques et des outils spécialisés (ex. systèmes embarqués, décrits en Annexe C) permettant d’identifier des performances énergétiques problématiques et les pertes monétaires et émissions polluantes qui s’ensuivent.
– Entretien des véhicules électriques
Les véhicules électriques contiennent moins de pièces mobiles et leurs coûts d’entretien sont donc de trois à dix fois moindres que pour un véhicule thermique. Aucun changement d’huile, remplacement de silencieux, nettoyage et remplacement de filtres n’est à prévoir. De plus, comme pour les véhicules hybrides, les véhicules électriques récupèrent une partie de l’énergie cinétique au freinage ce qui aide à réduire l’usure des freins. Les éléments à surveiller, par contre, sont l’état de la batterie, qui est influencé par le nombre de cycles de charge-décharge que la batterie a connus ainsi que la température à laquelle sont effectuées ces décharges. Le liquide de refroidissement est probablement le seul élément à changer annuellement, selon les recommandations du manufacturier.
Il est à noter que dans le contexte énergétique québécois, les véhicules électriques coûtent également près de dix fois moins en énergie que les véhicules réguliers (coûts d’électricité faibles par rapport au coût des carburants traditionnels).
– Écomaintenance
L’écomaintenance commence par la compréhension des problématiques des émissions polluantes (incluant les GES) et il est conseillé de l’offrir en formation de base afin que tous les intervenant(e)s impliqués dans le projet comprennent ces enjeux et se les approprient. Il y a ainsi plus de chances qu’ils appliquent le plan d’action de manière adéquate.
Chaque composante d’un véhicule peut être Réduite, Récupérée, Remplacée ou Valorisée lors de son entretien afin d’améliorer l’efficacité énergétique des véhicules. Pour que cette pratique des 3R-V puisse être mise en œuvre, certaines interventions et procédures doivent être appliquées. Celles-ci font l’objet du programme de gestion écologique des matières résiduelles Clé verte de Recyc-Québec, visant spécifiquement les garages. Une inspection mécanique éconergétique peut également être réalisée afin d’optimiser l’entretien des véhicules.
Pour qu’un plan d’efficacité énergétique et de développement durable soit efficace, il est important d’instaurer un plan de gestion des matières résiduelles autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’atelier de mécanique et de carrosserie. En effet, les produits utilisés pour une flotte de véhicules représentent un bilan carbone1 pouvant être amélioré par divers moyens, comme par un plan de santé, sécurité et prévention. Comme les matières résiduelles sont très variées, il est primordial de bien les identifier, de les répertorier et de les quantifier afin de cerner les potentiels d’amélioration du bilan carbone. Les bénéfices environnementaux s’ensuivront, de même qu’une diminution potentielle des coûts d’enfouissement et de collecte des matières résiduelles.
– Mise à niveau
Les municipalités garent généralement leurs véhicules de 10 à 20 ans et se placent dans un contexte tout autre que les compagnies de transport privées qui exploitent des véhicules « long courrier » avec de forts kilométrages annuels. Le concept de « mise à niveau » fait généralement référence à divers dispositifs que l’on peut ajouter en après-vente et qui apporteront des gains sur l’efficacité énergétique ou sur les émissions de GES.
Réduire la consommation des véhicules par une mise à niveau de ceux-ci permet non seulement de faire des économies financières mais aussi d’avoir des véhicules moins polluants, ce qui contribue à avoir une meilleure qualité de l’air, notamment en milieu urbain.
On peut mettre à niveau des véhicules en utilisant les éléments suivants (liste non exhaustive):
- des additifs pour le carburant et l’huile
- une filtration d’huile en dérivation plus fine (microfiltration)
- des dispositifs aérodynamiques
- des unités auxiliaires de chauffage et de climatisation
- des ensembles de conversion pour l’utilisation de carburants alternatifs
- des systèmes de refroidissement électriques
- des isolants thermiques
Outils mis à la disposition des municipalités :
- Le programme SmartWay de l’Environmental Protection Agency (EPA) présente une liste de toutes les technologies de mise à niveau pour les moteurs diesel, évaluées et vérifiées. Ces technologies dites d’après-vente, permettent de réduire la consommation et les émissions de la flotte de véhicules d’une manière abordable. FPInnovations a testé l’effet de plus de 120 de ces technologies sur la consommation de carburant selon un protocole reconnu mondialement et partage les résultats de ces tests avec ses membres.
- Le programme de gestion écologique des matières résiduelles Clé verte de Recyc-Québec, visant spécifiquement les garages.
- Réduction CO2 offre la formation Mécanien averti qui aborde les impacts liés aux émissions de GES et fait un survol des éléments ayant une incidence sur la consommation énergétique.
1Il est possible d’utiliser un tableau de quantification (ex. GHGenius) pour établir un bilan carbone selon le type de carburant utilisé, le type de véhicule utilisé ou le type de matières résiduelles générées par l’entretien (interne ou externe) des véhicules.
Impliquez-vous dans la trousse
Les experts derrière ce chapitre
Comité d’experts
- La maîtrise de l’énergie
- L’aménagement du territoire
- Les bâtiments municipaux
- La flotte de véhicules
- L’efficacité énergétique en transport
- L’élaboration d’un plan d’action
- L’audit
- Les opportunités d’économie d’énergie et de réduction des GES
- La mise en œuvre du plan d’action
- Annexe A: Catégories de véhicules et machineries
- Annexe B : La quantification des émissions de GES des véhicules
- Annexe C : Les systèmes embarqués (instrumentation d’un véhicule)
- Annexe D : Normes
- Références
- Les matières résiduelles et boues municipales
- Les parcs écoindustriels
- Les infrastructures
- La gestion et la réduction des émissions de GES
- Les événements écoresponsables
- Acronymes et abréviations
- Lexique