Considérations pour le choix d’une méthode de traitement

Un ensemble de mesures peuvent être considérées avant d’aborder la valorisation énergétique. Le but de ces mesures est de considérer les 3RV-E sous un angle d’opportunités à saisir pour diminuer la quantité de matières résiduelles à traiter (réduction à la source), pour diminuer la taille des équipements de valorisation et pour positionner sa municipalité dans une économie qui recherche les bénéfices environnementaux.

En respectant le principe des 3RV-E, et en tenant compte des enjeux nommés précédemment, il est alors possible d’aborder la question du choix d’une méthode de valorisation pour les matières résiduelles qui n’auront pas été réduites à la source, réemployées ou recyclées.

À cet effet, il faut savoir que plus les technologies de traitement sont complexes, telles que la biométhanisation ou la gazéification, plus les coûts d’immobilisation et de gestion seront élevés. Dans ces cas, il faudra notamment d’importantes quantités de matières résiduelles pour assurer la viabilité du projet. Il faut aussi tenir compte que certaines matières sont plus aptes à certains types de traitement. Il importe donc de faire un choix judicieux selon la quantité et le type de matières résiduelles générées sur le territoire par l’ensemble des activités (municipales et ICI). D’autre part, il faudra également considérer la hiérarchie des 3RV-E mentionnée précédemment. Ainsi, les technologies de valorisation thermique telles que la pyrolyse ou la gazéification devront accepter uniquement des résidus ultimes ou des résidus non recyclables issus du traitement et du tri de matières résiduelles récupérées (tout ce qui n’aura pas été dévié par les programmes de récupération), à moins de démontrer par une étude basée sur une approche de cycle de vie que les gains environnementaux surpassent ceux du recyclage, incluant le traitement biologique combiné à l’épandage.

À travers le déploiement des différentes filières de traitement, le questionnement sur la quantité des matières à traiter fera surface : est-il préférable d’accroître la quantité de matières résiduelles afin d’augmenter le retour sur l’investissement? Est-il une bonne idée de faire la collecte des matières d’autres municipalités afin d’augmenter ses quantités?

Plusieurs variables doivent être prises en considération :

  • Le transport vers le lieu de traitement;
  • La quantité, le type et la disponibilité des matières résiduelles à traiter;
  • L’acceptabilité sociale;
  • Etc.

Idéalement, toute matière doit être traitée le plus près possible de son lieu de génération. Les impacts associés au traitement des matières résiduelles en un point fixe s’en trouvent minimisés, tout en réduisant le risque d’un effet « pas dans ma cour » de la population et en conservant les emplois liés au traitement des matières dans le lieu d’origine de celles-ci. Également, cela a pour effet de réduire le transport requis pour en disposer et d’ainsi diminuer la quantité de gaz à effet de serre émis. Il est toutefois important de bien évaluer les divers scénarios de gestion possibles car le bilan environnemental pourrait être plus intéressant avec un transport des matières sur une plus grande distance, mais un accès à une option de traitement hiérarchiquement plus élevée.

Afin de prendre en compte tous les facteurs pertinents au choix d’un terrain ou d’une infrastructure, et pour comparer les différentes options, une grille d’analyse comportant des critères d’ordre social, environnemental, économique, technique et légal peut être utile. Le tableau 1 présente un exemple d’une telle grille d’analyse.

Tableau 1 : Exemple d’une grille d’analyse pour choisir un site pour l’implantation d’une infrastructure de traitement des matières résiduelles.*

Tableau 1

* Le poids attribué à chaque critère est déterminé en fonction du positionnement de la municipalité.

** Un transport des matières sur une plus grande distance, mais permettant l’accès à une option de traitement hiérarchiquement plus élevée, pourrait donner un bilan environnemental plus avantageux que l’inverse. Il est donc important de prendre en compte l’ensemble des éléments permettant une réduction des émissions de GES dans le processus décisionnel.

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Les experts derrière ce chapitre

Comité d’experts

Ingénierie de bioprocédés, ing. Ph.D. David Lacasse
David Lacasse
Groupe Berlie-Falco
Professeur-chercheur, chimiste Marc Olivier
Marc Olivier
CTTÉI
Ingénieur en qualité de l'air Simon Piché
Simon Piché
SNC-Lavalin inc.

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